
Après 6 ans d’IEF, mes enfants ont tous choisi d’être rescolarisés. Mon aînée a rejoint les bancs de l’école depuis septembre avec succès. Elle a intégré une classe de 3ème dans notre collège de secteur et a parfaitement géré son année. C’était son choix : passer le brevet en étant « coachée ». Pari réussi, une moyenne extraordinaire toute l’année et beaucoup de sérieux et de maturité. Elle a quasiment fait l’unanimité auprès de ses profs, elle a été élue déléguée, elle s’est battue pour s’intégrer, elle a joué au caméléon. Je la trouve apaisée, bien dans ses baskets, même si c’est compliqué pour elle de gérer ses hypersensorialités, et de survivre dans une classe constituée principalement de machos. Elle a fait sa place, en féministe qu’elle est !

La petite a rejoint la classe de Cm1 du village pour la dernière période de l’année. C’était son choix également. Elle a voulu tester pour voir ce que c’était, et malgré les contraintes, les devoirs, les méthodes très éloignées de ce qu’elle a connu pendant ses 8 années premières années de vie (elle n’avait jamais été scolarisée), elle a choisi d’y rester : apprendre seule était devenu trop contraignant pour elle, elle aime vivre en groupe. Elle passe donc en Cm2 l’an prochain, avec une année d’avance. Les débuts n’ont pas été simples. Elle a dû faire sa place. Elle a dû réussir à gérer la fatigue, le bruit, elle a dû accepter les « normes » de l’école. Et moi, j’ai grincé des dents … mais je n’ai rien dit. Personne n’a le droit de s’opposer à son projet de scolarisation !

Mon moyen (qui a poussé comme un champignon) a terminé l’année à la maison sans stress (entendez par là, doucement le matin, pas trop vite l’après-midi). Il a choisi d’être rescolarisé à la rentrée avec un maintien en 5ème (au vue de ses difficultés, nous avons préféré demander un maintien plutôt qu’une prise en charge MDPH, travaillant avec des élèves en grandes difficultés, je sais combien il est difficile d’obtenir des adaptations). Il est prêt, mon loulou. Il est autonome, il a retrouvé beaucoup d’aisance à l’oral comme à l’écrit, sa mémoire est quasi fonctionnelle, son écriture est au top, ça va le faire, j’en suis sûre. Sa praticienne en réflexes l’accompagne pour gérer le petit stress de la rentrée et j’ai adapté mon temps de travail l’an prochain pour être présente pour lui après les cours
Nombreux sont ceux qui me demandent comment je gère ce retour à l’école de mes enfants.
Le plus merveilleusement du monde ! J’ai gagné mon pari : les armer suffisamment pour qu’ils affrontent le système avec le recul nécessaire, les équiper du sens de l’humour, de la critique et de l’effort (bon ok, ça dépend des jours !), d’une bonne culture générale. Ils ont compris qu’on n’attendait pas d’eux une réussite scolaire mais humaine, ils n’ont donc aucune pression au niveau des résultats et travaillent pour eux-mêmes.
6 ans, j’aurai eu besoin de 6 ans pour ne plus être en conflit avec le système scolaire. 6 ans pour enfin démissionner, passer à autre chose, sans rancoeur.
Je garde de cette période d’incroyables souvenirs.
Des moments de doute. Des moments de stress. Une fatigue incommensurable. Des jours et des nuits à me former, à préparer du matériel, à me questionner, à me remettre en question.
Et aussi de multiples moments de joie et de bonheurs partagés. La liberté d’organiser mes journées comme je le voulais, la liberté de partir explorer le monde quand je voulais.
Mais surtout, le sentiment d’avoir mis mes enfants sur les rails pour la vie. Ils sont joyeux, ils sont forts, ils sont optimistes, ils sont rayonnants, ils sont meneurs, ils sont créatifs …
Merci pour ces belles années mes attachiants préférés <3
